Tendances

L’IoT au cœur de la logistique de demain

IoT au cœur de la logistique de demain

Selon Gartner, plus de 20 milliards d’objets seront connectés d’ici 2020, ce qui fait de l’internet des objets (IoT) l’un des marchés technologiques les plus porteurs, avec des millions d’applications possibles. Parmi les secteurs qui bénéficient déjà largement des avantages de ces technologies, la logistique occupe une place de choix avec des applications qui ouvrent la voie à des modes d’organisation des tournées et de livraison radicalement nouveaux. Les technologies IoT permettent en effet d’ores et déjà de suivre en temps réel la localisation des colis, d’automatiser la planification et, en accompagnant à tout moment les livreurs, transporteurs et techniciens sur le terrain – via leurs smartphones et la télématique embarquée – d’optimiser la très problématique logistique du dernier kilomètre. Et ce n’est que le début…

L’IoT au service de l’automatisation des tournées

Sita, spécialiste de la gestion des déchets, a équipé ses collecteurs de capteurs afin de suivre à distance leur taux de remplissage. La remontée en temps réel de ces informations permet de planifier le vidage des conteneurs au bon moment, lorsqu’ils sont presque pleins, et de calculer des tournées optimisées n’incluant que les collecteurs suffisamment remplis. Le déclenchement des tournées grâce à l’IoT s’applique également aux distributeurs automatiques Selecta. Des capteurs placés à l’intérieur des machines suivent l’écoulement des marchandises et déclenchent les réapprovisionnements avant épuisement des stocks. Dans un tout autre domaine, les chaudières connectées qui se développent ces dernières années permettent aux chauffagistes d’anticiper les opérations d’entretien et de mieux gérer les interventions de maintenance. Ce type d’appareil est conçu pour poser un diagnostic à distance et, en cas de panne, planifier automatiquement la visite d’un technicien.

La démocratisation rapide des capteurs et autres dispositifs connectés va accélérer la transformation des parcs d’équipements et changer de manière significative les logiques d’intervention sur le terrain. On estime aujourd’hui que près de 80 % des interventions peuvent être planifiées grâce à l’automatisation. Les fonctions de planification automatique et temps réel des outils de gestion des interventions prolongent cette automatisation. C’est, à moyen terme, la perspective d’une gestion 100 % automatique de toute la chaîne – avec à la clé des gains de temps, aussi bien pour les clients (délai d’intervention) que pour l’entreprise (planification).

D’après le dernier Magic Quadrant du Field Service Management de Gartner, d’ici 2020, 10% des interventions d’urgence sur le terrain seront triées et planifiées par des outils d’intelligence artificielle. Principal bénéfice pour le client : la réduction du temps d’attente et la tranquillité d’esprit. Il n’est même plus nécessaire de prévenir le technicien puisque ce sont les capteurs qui déclenchent le signal. Quant aux planificateurs de tournées et aux logisticiens, ils peuvent désormais concentrer leurs efforts sur les opérations complexes requérant toute leur expertise.

E-commerce et livraisons : optimiser le dernier kilomètre

Selon la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance), le e-commerce français s’achemine résolument vers les 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Du fait de l’explosion des commandes B2C, 1 colis sur 3 est désormais livré chez un particulier (le reste est adressé aux entreprises), contre seulement 2 % en 2010 – un service que les consommateurs rechignent du reste à payer à son juste prix, mais envers lequel ils se montrent de plus en plus exigeants : les clients d’aujourd’hui veulent des livraisons gratuites, mais de plus en plus rapides, dans des créneaux horaires réduits… Ils veulent aussi être informés des éventuels retards dans la livraison de leurs commandes. Face à la montée de ces exigences, les marchands en ligne cherchent à protéger leur part de marché et leur marge en s’appuyant sur des transporteurs capables d’offrir un service de livraison à domicile performant et aux coûts rationalisés.

Aujourd’hui, les véhicules connectés des transporteurs sont capables de calculer de plus en plus précisément leur horaire d’arrivée estimée (Estimated Time of Arrival, ETA). La télématique embarquée dans les véhicules de livraison ainsi que les applications mobiles dédiées aux conducteurs permettent de faire remonter l’ETA en temps réel auprès du client final, par sms ou e-mail. Les informations tiennent compte de l’avancement du véhicule et des conditions de circulation. Certains services proposent même au client de suivre la position du colis en temps réel, ce qui lui permet de mieux s’organiser pour le réceptionner.

Les potentialités de l’IoT pour optimiser la livraison sont infinies. Amazon n’en finit pas de proposer de nouvelles solutions : la livraison directement dans le coffre de la voiture du destinataire grâce à un dispositif de déverrouillage à distance (le propriétaire déverrouille l’accès depuis une application) ou, plus récemment, la livraison à l’intérieur du domicile grâce à un dispositif de verrou « intelligent » et à une caméra connectée à Alexa. Annoncée de longue date, la livraison de colis par drone devrait également finir par se développer si l’on en croit les investissements d’Amazon et d’autres acteurs en France.

A quoi ressemblera la logistique urbaine du futur ?

L’édition 2017 du challenge Valeo Innovation donnait un bon aperçu de la révolution des modes de livraison qui se trame pour s’adapter à la ville de demain. Des étudiants polonais ont imaginé le concept-car Haibu, un véhicule de livraison autonome équipé d’une capsule de sommeil la nuit. A partir de cette base mobile, la logistique du dernier kilomètre serait assurée soit par un drone pour éviter les routes embouteillées, soit par un robot de livraison.

La logistique en zone urbaine est vouée à évoluer considérablement ces prochaines années. De nouvelles problématiques émergent avec l’évolution des politiques d’accès aux centres-villes, de plus en plus restrictives, et la multiplication des véhicules de livraison électriques : voitures, scooters et vélos. Bien avant que les robots-livreurs et les robots-coursiers se mettent à sillonner nos rues en toute autonomie, les logisticiens vont devoir prendre en compte, dans la planification des tournées, l’autonomie restreinte des véhicules électriques et la gestion de leur recharge. L’IoT permet déjà de récupérer ces informations, au-delà du tracking, pour construire les tournées les plus optimisées possibles.

A mesure qu’évoluent nos modes de transport et nos habitudes de consommation, la logistique devra plus que jamais concilier les intérêts, parfois divergents, des donneurs d’ordres, des équipes mobiles et des clients finaux. Du fait du rôle croissant que les outils IoT sont amenés à jouer dans la reconfiguration des pratiques logistiques, il est essentiel pour toute entreprise qui veut rester dans la course de commencer dès maintenant à intégrer ces outils, étape par étape, et afin d’en garantir l’adoption, d’associer étroitement ses équipes de terrain aux réflexions visant à améliorer le service au client final et l’expérience globale de la logistique.